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Vieilles Courroies
--> Harmonium

Rentrer sous la pluie, dans le froid, et se dire "Ah, c'était bien.."

 

Le retrouver, sur le quai. L'embrasser, l'embrasser, le regarder, le toucher, le serrer contre moi, vérifier qu'il est bien là, le serrer fort, pour se dire qu'il est juste avec moi, là, tout près. Pour une fois. Et l'embrasser, encore, le regarder, l'admirer, sentir son odeur, sentir ses mains, ses lèvres, ses yeux, ses cheveux.

Le coin de ses lèvres sur les miennes. Le bout de ses doigts entre les mains. Ses cheveux contre le vent, et moi contre lui. Sortir. Se faire tremper, par la pluie.

Une averse, tout le long du chemin. La main dans la main. Enlever ses lunettes, l'embrasser, lui tenir le bras, l'embrasser, lui tenir la main, l'embrasser, le regarder du coin de l'oeil, l'embrasser.

S'arrêter, sous la pluie, se pendre à son cou, dans ses bras, se serrer fort, vérifier qu'il est encore là. Il est là. Desserrer, l'embrasser. Le regarder, l'embrasser. Enlever ses cheveux de ses yeux, l'embrasser. Poser ses mains sur ses hanches, l'embrasser. Oh, tiens, il y a du soleil. Ne pas avoir le temps de faire la remarque que la pluie se remet à tomber. L'embrasser. Lui retenir la main. Lui re-tenir la main. L'embrasser. Repartir.

Marcher, le regarder. Marcher, l'embrasser. Marcher, le faire rire. Marcher, l'embrasser. Marcher, rire. Marcher, le voir me regarder. Marcher. Marcher. Marcher.

Sous la pluie, sous la grêle, sous le tonnerre, marcher. S'embrasser. Faire comme si on avait pas les pieds trempés. Faire comme si on avait pas faim. Être romantique. J'ai faim. L'embrasser. Courir se réchauffer à l'intérieur. Checher un endroit où se poser.

Me résister, perdu. Lui résister, perdu.
Jouer à "Resistera, resistera pas ?", et perdre chacun à son tour, en rire, en jouer. T'as perdu, t'as encore perdu, j'ai perdu. Alors, tu m'aimes ? Non. Zut, alors. L'embrasser. Et maintenant, tu m'aimes ? Je sais pas. Allez, rien qu'un peu. Bon, d'accord. L'embrasser.

Lui passer mon écharpe autour du cou. Glisser mes mains sous sa chemise. Poser mes lèvres dans son cou. Lui caresser les cheveux. Le regarder amoureusement, d'un air de dire "Embrasse-moi."

Ces moments de silence, dans l'intimité des Halles, perdus entre deux passants, sont à eux seuls l'échos de nos "Je t'aime". Se perdre dans mes pensées. Ne penser qu'à lui, mais avec lui, pour une fois.

Pour un instant, j'ai oublié mon nom.

Ne rien dire, se taire, poser sa tête contre son épaule. Le regarder les yeux fermés. Lui dire que je l'aime en silence. L'embrasser à distance. Le réchauffer près de la chaudière. Le voir regarder les gens passer. Regarder cette seule personne qui ne passe pas. Pas encore, du moins.

Penser, à lui, à nous. L'embrasser. Le regarder. Fermer les yeux. Le temps redevient long de la chambre au salon.. Le regarder, l'admirer.

Se dire, se convaincre qu'il m'aime. En douter encore, douter de soi-même, en fait. L'embrasser, se rassurer, s'assurer, il est encore là. Il ne part pas avant cinq heures, chouette. Viens, on bouge, il pleut plus. D'accord.

Ressortir, il re-pleut. Raté. On a pas de bol, hein ? Se tenir la main, j'ai faim. Trembler, il fait froid. Très froid par rapport à la chaleur de nos bras. Comme s'il neigeait dans un lit au réveil, et qu'on arrachait la couverture d'un coup. -Très froid-. Choisir le Mc Do. Entrer, commander, manger, se regarder. S'embrasser au dessus de la table. Un bougie et ça aurait -preque- pu être romantique. Enfin, faut pas déconner. Mc Do, quand même.

Repartir. Re-trembler. Re-très froid-. Se partager une écharpe. Entre nous deux. S'enrouler du mieux qu'on peut dedant. Se blotir contre l'autre. Se serrer fort, et s'embrasser pour se donner un peu de chaleur. Il pleut.

Repartir dans l'autre sens. Retourner d'où on est venu. Suivre le même chemin, histoire de pas se perdre. Retourner se poser à l'intérieur.

Ambiance chaleureuse, lumières rouges. Demander à boire. Un verre pour deux. Un litre pour deux. Non, on est pas des tarlouses. Nous. Allez, bois. Non, toi avant. Non toi. Puis céder, finalement.

Ses yeux brillants, ses lèvres parfumées, ses mains plus chaudes que dehors, ses cheveux sous la mienne, et mes yeux collés. Aux siens, à lui, à Lui.

Les fermer, et être en accord avec l'ambiance. La musique, lente et douce, a dû nous bercer. J'ai oublié où j'étais, pendant un moment. J'ai tout perdu.

La raison, la notion du temps, la tête, tout. J'ai fermé les yeux, pour ne les ré-ouvrir que plus longtemps après. Après n'avoir senti que lui, après avoir oublié les voisins de table bruillants. Après avoir oublié les flash des touristes assis plus loins. Après avoir oublié de boire. Ou après avoir trop bu, peut-être. Ou pas. Après s'être enhivré de Lui. Après n'avoir écouté que la musique, après n'avoir senti que son corps, que sa peau, que ses lèvres, que Lui.

Sans un mot. Sans un regard. Sans un soupir. Pour une fois. Avoir eu l'impression de passer tout une nuit près de lui. Long et déjà trop court. Puis, ouvrir les yeux, se rendre compte de l'heure. Merde, on est à la bourre. Bon, fini la bière. D'accord. L'embrasser, comme pour ne plus perdre un baiser des quarante minutes qu'il reste. Comme pour se rattraper de tout le mois. Comme pour prendre de l'avance sur la semaine à venir. Comme pour se préparer, se consoler à l'avance.

Se lever, partir. Il fait encore froid, dehors. Tu veux mon écharpe ? Non, ça va. D'accord. Allez, on se dépèche. Okay. Les pieds mouillés, plus lourd que d'habitude. Puis finir par ne plus les sentir. Oublier le froid. Oublier tout, sauf Lui. Sa main. Son regard.

Le coin de ses lèvres.

On est en avance, finalement. Sentir les derniers moments. Ne plus oser se lâcher. Même pas une minute sans se frôler, juste un peu. Sans se voir, sans se regarder, sans. Puis, aller sur le quai. Voiture 8. Chouette, c'est pas trop loin. Se serrer. Encore. Encore une fois. Une dernière. Non, pars pas. J'ai pas envie de partir. Je t'aime. L'embrasser. Encore, une derniere fois. Juste une. Encore, allez.

Tiens, ils sont comme nous eux aussi. Deux autres couples, sur le quai. Pas trop loin. Un peu pareil, quelques larmes en plus, sûrement. Tu craques pas, hein. Toi non plus. L'embrasser. Le re-serrer encore contre moi. S'appuyer sur le train, parce que j'ai le vertige. L'embrasser.

J'aime beaucoup le coin de ses lèvres.

Et entendre le sifflet. Le sifflet de départ. Ou le sifflet de la fin, pour nous. Jusqu'à la prochaine fois. Et devoir lâcher prise. Lâcher sa main. Lâcher. Ne pas craquer. Dans un dernier "je t'aime". Le regarder monter, de loin. Et le voir s'asseoir, sans qu'il le sache, par la fenêtre. Du quai. Seule. Avec les autres demi-couples. Un part, avant le TGV. Je le suis, j'ai plus envie d'attendre.

Partir, avec comme un truc qui manque. Comme un truc qu'on a perdu, et qu'on sait pas où on a bien pu le laisser, le faire tomber. Y penser. Y penser, encore, et encore. Être obsédé par ce qu'on a perdu. Vouloir le retrouver. Vite, très vite.

Et dans le froid, marcher vers son quai. L'autre quai. Attendre, monter, lire, descendre.

Il fait froid, encore plus froid. Même avec une double demie écharpe. Mettre sa capuche sur le pont, il a neigé. L'herbe est encore blanche, les voitures aussi. La pluie, sur mes yeux. Le vent, contre moi. Sentir l'eau qui coule sur son visage.

Se rendre compte que les branches du saule pleureur font le même mouvement que ses cheveux. Et se dire que finalement, c'était bien...

Clown : Bukowski, le Dimanche 13 Février 2005, 22:41, Chapitaux Dig Your Grave.